Il y a quelques semaines, nous avons fait du bivouac dans les arbres et aujourd'hui, en lisant le femina, je découvre un article sur la propriétaire de cet endroit...
Article
Baroudeuse l’hiver, responsable de «bivouacs d’hôtes» l’été, la Fribourgeoise Nelly Perritaz maîtrise l’art de déplacer les montagnes. Pour ses sept enfants de cœur et ses animaux, elle a construit une arche Noé d’amour et de liberté.
Des milliers d’arbres, de plantes rares ou exotiques, des vaches, des pintades, des cochons, des moutons, des lapins et une couvée d’enfants… Le domaine fribourgeois de Nelly et de son mari Frédéric, situé à Villarimboud, dans la Glâne, est un véritable jardin d’Eden où l’existence rappelle la Mélodie du bonheur. Pour Nelly, mi-aventurière, mi-héroïne du quotidien, la recette est simple: «Quand on sait ce qui nous rend heureux, il suffit de foncer!» Cette trentenaire rayonnante et volontaire n’est pas le genre de fille à se poser devant la télé (qu’elle n’a d’ailleurs pas) en se plaignant de ses journées épuisantes. Grâce à sa force de caractère, cette terrienne bien ancrée dans ses rangers gère un véritable paquebot, toujours avec le sourire. A les écouter, elle et son mari, les mots «difficulté», «problème» ou «angoisse» semblent avoir été bannis du vocabulaire. Rebâtir une maison de leurs propres mains? Facile, avec un peu d’huile de coude. Elever sept enfants? Une évidence. Construire des bivouacs dans les arbres et une infrastructure pour y accueillir des vacanciers? Une question d’organisation. Partir en jeep sillonner le désert africain avec leur nichée? Même pas peur, il suffit d’être cool… Chez les Perritaz, rien ne paraît insurmontable.
L’aplomb sans vernis
Cette Alsacienne d’origine, amoureuse de la nature, s’est dessiné un parcours surmesure. Après une formation hôtelière et quelques années de service, elle décide de stopper net. Son rêve: travailler la terre. «Comme dit l’adage, pour réussir sa vie, il faut avoir planté au moins un arbre. J’y suis allée au culot, j’ai envoyé des offres spontanées à tous les paysagistes de la région. On se fichait de moi. Comment pouvais-je, avec mon tailleur de serveuse et ma petite stature, imaginer tronçonner des sapins? Mais on m’a donné ma chance, parce qu’au moins, je ne portais pas de vernis à ongles, m’a avoué mon premier patron!» Devenue paysagiste puis pépiniériste, Nelly était enfin dans son élément, à l’air libre. Coup du destin sur un de ses chantiers, il y a neuf ans, Nelly rencontre son mari Frédéric, un bûcheron, qui partage sa passion pour les plantes. Depuis, ce couple de stakhanovistes en a réalisé des projets! Ils ont retapé un ancien moulin en six mois ou planté plus de 2000 arbres et espèces végétales sur son domaine. Alors forcément lorsque deux «mains vertes» se rencontrent, il y a fort à parier qu’ils vivent en autarcie. «Que ce soit les légumes, les fruits ou la viande, l’essentiel de nos aliments a poussé ou grandi sur nos terres.»
Au four et au moulin
Chez les Perritaz, quand une idée fleurit, une autre a déjà germé. Une fois installés au Moulin, ils montent une affaire touristique, en construisant des cabanes dans les arbres et créant des circuits pieds nus pour faire visiter leurs magnifiques jardins. Gérer de front une famille de neuf bouches, qu’on nourrit à la force de sa bêche, en plus d’une affaire parahôtelière, cela représente un boulet de labeur. Enfin, pour le commun des mortels, pas pour Nelly. Elle se lève volontiers à 6?h?30 pour, tenez-vous bien, préparer les petits-déjeuners, faire le ménage, accueillir les hôtes, encaisser les nuitées, gérer les réservations, s’occuper des enfants, nourrir les animaux, entretenir les jardins, tout cela avant d’avoir préparé le repas de midi pour un bataillon. «Avec Fred, on se répartit les tâches. On a cette capacité d’abattre le travail sans s’en rendre compte. Tout ce qu’on fait nous procure du plaisir. Si on le voyait comme corvée, on ne pourrait pas y survivre. Mais c’est vrai que les gens hallucinent, ils ne comprennent pas comment on fait pour s’en sortir.»
Nelly, une mère Courage? Certainement. Sauf que sur ses sept enfants, il n’y en a pas un qu’elle ait porté. Les deux garçons, Maxime et Baptiste, sont issus du premier mariage de son époux, ils vivent au Moulin à mi-temps. Et il y a leurs cinq filles de cœur dont deux paires de jumelles: Béatrice et Brigitte (6 ans), Betty (10 ans), ainsi que Barbara et Britney * (15 ans). «On a eu envie de devenir famille d’accueil, la maison était si grande…» Des procédures fastidieuses auprès du Service de l’enfance et de la jeunesse, la plus pénible pour Nelly fut l’enquête sociale. Comme elle n’a jamais eu d’enfant à elle, on l’a assaillie de questions très intimes: «On m’a demandé si je n’avais pas un problème psychologique, une enfance malheureuse et j’en passe… Non, pour moi c’était un choix, simplement. Les enfants ne nous appartiennent pas. Ce qui m’intéresse, c’est de les nourrir intellectuellement, émotionnellement, de les aider à devenir autonomes, pour qu’ils se construisent la plus jolie vie possible.» Rapidement, la famille Perritaz a fait l’unanimité. Quatre mois après avoir accueilli les jumelles Béatrice et Brigitte (2 ans alors), les services sociaux ont proposé au couple de prendre en charge l’éducation de leurs trois autres sœurs. Car la mère de cette famille de réfugiés vietnamiens avait des soucis psychologiques et laissait ses petites livrées à elles-mêmes. «Nous n’avons pas hésité avec Fred. Il était exclu que Barbara, Britney, et Betty grandissent dans un foyer. Malgré leurs sérieuses carences alimentaires et affectives, ça ne m’a jamais fait peur, c’était comme une évidence. Surtout que Betty pesait 14 kilos à 6 ans, avait perdu toutes ses dents et avait des abcès plein la bouche. Elle n’a jamais dit qu’elle souffrait le martyre. Ça remet les idées en place, on s’interdit de se plaindre. Alors pour la logistique, on relativise.» D’ailleurs, leur mère et leur grand-mère nous rendent visite régulièrement. Je ne voudrais pas qu’elles croisent un jour leurs parents biologiques et qu’elles changent de trottoir.
Saga Africa
Cinq ans ont passé et aujourd’hui, cette joyeuse famille recomposée a trouvé son rythme de croisière. Surtout quand arrive le rituel des vacances d’hiver, et que l’équipage se presse dans la jeep pour partir à la découverte de l’Afrique. Au moment de l’empaquetage, tout est planifié pour que la famille survive de façon autonome dans le désert: nourriture, vêtements, benzine, réserves d’eau, caisse à outils, roues de secours… rien ne peut être laissé au hasard. «Dès qu’on est installés dans le 4×4, parés pour l’aventure, on devient d’autres personnages, totalement libres. En voyage, fini les horaires. On prend le temps de vivre. Et si on fait 20 kilomètres par jour on s’en fiche. Le soir venu, les petites dorment dans la voiture et le reste du clan sur la tente dépliée sur le toit.» Simple comme «salam malekum». Dans le Sahara d’Algérie jusqu’en Mauritanie, c’est l’émerveillement du dépaysement, des rencontres, de l’osmose avec la nature. N’ont-ils jamais eu de mauvaises expériences? «Non, c’est une question d’attitude, si tu es respectueux et cool, on te respecte. Pour les enfants, c’est une ouverture d’esprit fantastique sur le monde, ils sont confrontés à d’autres systèmes de valeurs, de niveaux de vie.» Un des plus beaux souvenirs? «Lorsque les enfants se sont mis à nager dans les dunes de sable, ils étaient franc fous, ou que les garçons ont eu l’autorisation de prendre le volant sur la piste, ils en ont pleuré de joie.» Nelly et sa famille sont d’insatiables aventuriers, ils planifient déjà leur prochaine excursion, qui devrait durer quatre mois. D’Afrique, ils rapporteront comme à chaque fois des graines de plantes exotiques «pour cultiver leur propre jardin». Une parfaite illustration de la philosophie de Candide.
* Les prénoms des enfants sont fictifs.
Site : http://www.femina.ch/femmes-dici/femme-dexception-l-aventure-en-famille
Source : Femina du 26.07.2009 par Florence Schmidt
dimanche 26 juillet 2009
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